Parc National Torres del Paine les 11, 12 et 13 Janvier 2012..

Mercredi 11 Janvier, 7h, le réveil sonne, c’est le grand départ pour notre premier trekking et l'un des must de l'Amérique du Sud, le parc National Torres del Paine.. Les sacs sont prêts, on s’habille vite et partons avaler deux tartines beurrées avant de choper le bus pour le parc.. Celui-ci est plein, nous sommes visiblement les derniers que le taxi navette est venu chercher à l’hotel.. Peu importe, deux sièges au fond, nous sommes un peu serrés mais l’essentiel est ailleurs.. La route pour le parc est d’ores et déjà très belle.. Les vallées et les lacs sont illuminés par de fragiles faisceaux de lumière australe.. 
Ça souffle énormément sur ces plaines désertes.. Restent 90 kilomètres de piste gravillonnée jusqu’à la seule entrée actuellement ouverte du parc.. Les pics vertigineux des Torres se dévoilent très vite, encore emmitouflés dans leur couverture nuageuse matinale.. Immenses malgré la distance, droits et froids.. Peu avant l’arrivée, le bus s’arrête au point de vue et nous en profitons pour descendre furtivement, le temps d’une photo de loin..


[...] Depuis l'entrée, des navettes parcourent les 7 kms restant avant le début des véritables sentiers du parc, et l'ensemble des personnes du bus s'y précipitent.. Surchauffés, sur motivés, on les laisse de côté , attachons bien nos sacs à dos et nous engageons sur la piste poussiéreuse.. 1h30 de marche plutôt facile, pas très pentue, mais n’offrant pas non plus de paysage extraordinaire.. Les mêmes panorama en gros qu'à travers les vitres du bus un peu plus tôt.. Et, plus de guanacos, sorte de lama local, ni de nandoues, sorte d'autruche locale que nous croisions auparavant.. En revanche, on reçoit bel et bien la poussière lors des passages de ces maudites navettes.. Tant pis, cela a au moins le mérite de nous échauffer un peu et après avoir passé le bel hôtel des Torres, nous empruntons la piste vers le mirador et planifions de nous arrêter deux heures plus tard au refuge chileno pour manger un bout.. Cette partie-là, ça grimpe.. Environ 250-300m de dénivelé, un soleil de plomb.. 

On n’est plus échauffé, on bout littéralement !! N’en demeure que nous avons un bon rythme, peut-être l’appel du ventre et il ne nous faut qu’une heure 20 pour atteindre le refuge.. La dernière partie était plus plate et on apercevait le refuge de loin, ça encourage.. Presque 14h, c’est fin de service, la seule chose qu’ils nous proposent est un sandwich de thon, copieux, et des à-côtés variés formant une lunch box.. De toute façon, il n’y a rien d’autre..  Pas mécontent de s’asseoir un peu.. Le sac à dos commence à peser un peu, aussi Bibou veut tester, qu’à cela ne tienne, il est tout à toi pour la dernière heure de marche jusqu’au camping.. Cette heure-là est agréable à l’abri des arbres remontant le long d’une rivière et la traversant de temps en temps sur de fragiles ponts de bois.. 

Seuls les regards des randonneurs hagards que nous croisons sont désagréables.. Ceux-ci ne comprennent pas que ce soit la femme qui porte le gros sac alors que je porte le mini sac à dos avec de l’eau.. C’est vrai que vu de l’extérieur c’est un peu "bizaro".. Soudain, deux silhouettes connues, voilà que nous croisons Stéphane et Ju-Mi.. Ils entament la descente et projettent de filer aux Cuernos dans l’après-midi.. Nous avons le même programme, mais rentrés au parc la veille, il est décalé d’un jour.. C’est d’autant plus sympa de se croiser au hasard du chemin.. Quelques nouvelles fraîches et échange de conseils sont l’occasion d’une petite pause supplémentaire..

[...]  La sieste a été très réparatrice car nous escaladons les 400 mètres de dénivelés tantôt boueux, sableux ou caillouteux en une petite demi heure.. Cerise sur le gâteau, à cette heure ci nous croisons sur le chemin les toutes dernières personnes étant monté au mirador, et à notre arrivée, nous sommes seuls.. Le temps est encore légèrement voilé, mais au moins, on a les fameuses Torres, pour nous tout seul !! 
Vingt minutes et 500 photos plus tard nous entamons la  descente.. S’agirait pas de traîner et effectuer la descente de nuit.. Surtout que nous voulons remonter demain matin à l'aube pour voir ces tours de granit rougir sous l'effet des premiers rayons de soleil jusqu'à en devenir orange pâle.. De retour au camping, je file demander un peu d’eau chaude au gardien.. Nous avons en effet acheté des soupes chinoises instantanées, mais pas de réchaud, alors pour l’eau chaude, faudra s’en remettre à des âmes généreuses.. Nous sommes plutôt heureux du programme de la journée, très positif.. Les craintes pour la tente et le sac à dos un peu dissipées, et content de tester le camping, enfin !!


[...] Le lendemain.. Mettre le réveil, c’est bien, se lever, c’est mieux.. Une petite averse fine et des rafales de vent nous découragent finalement à l’heure fatidique.. Bibou n’a pas bougé d’un orteil et dans ces conditions, l’ascension à la frontale me tente moyen.. Refermons donc les yeux pour ne les rouvrons qu’à 9h !! C’est mieux, un beau soleil, un ciel bleu, pas de nuages sur les Torres et quelques heures de sommeil en prime.. Après un rapide petit déj, la montée au réveil est plus laborieuse.. Les jambes tirent un peu.. Nous les redécouvrons..  Avec le soleil de face, le lac et les pitons rocheux nous seront apparus avec de nouvelles teintes et variantes.. Photos et panoramas de rigueur..


[...] A peine la longue descente depuis le refuge achevée, et avant même d’entamer la randonnée de 11 bornes vers los Cuernos, je décrète une grosse pause récupération.. Quand la tête veut pas, les jambes suivent pas, le sac meparait 20 fois plus lourd que la veille, on a chaud, inutile d’insister.. Profitant d'un coin d’ombre, mon petit Bib’ prend soin de mes épaules, et cette pause de ¾ d’heure nous remet d’aplomb.. 


On en ressort presque neufs, tout frais, prêts à ravaler du sentier.. On retrouve un bon rythme de marche mais nous arrêtons souvent observer les oiseaux, insectes, fleurs, la montagne, glaciers, cascades et lacs qui nous entourent.. Et prenons encore beaucoup de photos.. En une heure et demi, nous atteignons la cascade où il nous faudra traverser une grosse rivière, celle-ci marquant la moitié de la randonnée.. Mais qui profite de l’ombre d’un gros arbre, assez rares dans le parc, et d'un peu de fraîcheur au bord de la rivière, Ju-mi et Stéphane.. Ceux-ci reviennent ravis des Cuernos.. Moins connues, cette partie les a pourtant enchanté.. La faune manque un peu, mais ils nous promettent de voir des Condors un peu plus loin..

[...]  Los Cuernos apparaissent enfin.. Ils ressemblent un peu aux Torres, en plus gros, et surement plus beaux.. Plus proches du sentier aussi.. Ce sont d’immenses masses de granits abruptes formant un cirque.. Encore quelques minutes d’effort absorbant nos dernières forces.. 
Les jambes commencent à peiner, nous nous installons au camping situé exactement en contrebas des Cuernos, et nous pouvons les observer depuis notre tente.. Le terrain est un peu plus pourri, plein de cailloux et globalement plus petits qu’à Torres mais on s'en contentera.. Rapide installation et douche chaude méritée, voir nécessaire.. Nous demandons ensuite un peu d’eau chaude au refuge et avalons vite notre soupe, avant d’aller observer le coucher de soleil sur le lac, malgré un énorme gros nuage gris à l’horizon et une légère brise fraîche.. 


Puis, c’est l’heure enfin de se coucher, pour une bonne nuit de sommeil mérité.. C’est ce que l’on pensait.. Tout d’abord, l’animation assez bruyante du camping trouble notre repos.. Mais ce n’est rien encore face aux innombrables rafales de vents violents qui secoueront la tente toute la nuit.. Heureusement plutôt bien protégés par des buissons sur trois côtés, la nôtre tiendra le coup, malgré quelques sueurs froides.. 

Plusieurs sorties de rafistolages seront néanmoins nécessaires tout au long de la nuit.. Autant dire, une excellente nuit de sommeil.. Tout le camping en a souffert, et le vent ne se sera finalement calmé  qu’au petit matin durant une heure ou deux faisant place à une chaleur étouffante rendant impossible le moindre assoupissement confortable.. Nous aurons au moins le plaisir d’avoir cette fois ci bien profité d’un lever de soleil magnifique sur les pics rocheux et le glacier teintés d’orange par le soleil, d’une belle lune presque pleine (sans jeu de mots..) surmontant les massifs et d’un spectacle étrange des masses d’eau du lac, soulevée par le vent formant des murs d’eau impressionnants..


[...]  Très fatigués, nous ne savions pas encore que le retour allait être des plus difficiles.. On traîne encore un peu sous la tente, bien indécis, ne sachant pas trop quand partir..  Nous voyons pourtant tout le monde autour de nous fuir ce maudit camping . Vers midi, on décide  de se bouger en allant manger les deux dernières soupes chinoises qu’il nous restait. Nous nous installons à une table près du refuge et nous y retrouvons un couple de français  avec qui nous échangeons quelques mots.. C'est fou comme les gabaches ont un sixième sens pour se reconnaître entre eux, et le plus fou c'est que j'en sois aussi doté !! Enfin, je reconnais facilement les espagnols aussi.. Eux aussi ont passé une sale nuit et sont assez pressés de quitter cet endroit. Nous décollons donc un peu avant 13h et on ne se traîne pas, on essaye d’avancer vite car il y en a au minimum pour 3h30 de "balade" et ne profitons pas trop du paysage qui est de toute façon le même que la veille.. 

Le vent violent continue de souffler et nous progressons difficilement, certaines rafales nous déséquilibrant… On essaye  malgré tout d’apercevoir des condors, mais nous nous tordons le coup en vain encore une fois.. Décidément, quelle journée de merde !!  Nous arrivons au niveau de la cascade ou nous avions retrouvé Ju-Mi et Stéphane la veille.. Sauf que la veille, nous l'avions traversé sans trop de problème. Mais, avec le vent et l'énorme débit ce jour là, ce fut une autre histoire…En effet, ce dernier avait fortement augmenté recouvrant bon nombre de pierres, autant dire qu’il était quasi impossible de le traverser ; Julien et Julie, (tiens, c'est marrant ça..) le couple de français rencontré lors du déjeuner se trouve aussi bien embêté car nous savons que c'est l'unique sortie.. Sur l’autre rive, une petite dizaine de personnes cherchent aussi un moyen de passer mais y sont visiblement bloqués depuis un bon moment. Julien, tente désespérément de se frayer un chemin ; il a bien failli se faire mal lorsque tentant de traverser, une rafale de vent lui a fait perdre l'équilibre, à deux doigts de faire trempette.. 
Avec Xabi, ils tentent de combler les espaces en lançant de grosses pierres, ce qui ne fut pas une mince affaire ; j'essaie de mon côté de pousser une petite pierre pour boucher l'arrivée d'eau.. Sans succès, malgré mes efforts, elle ne veut pas bouger.. Julien part finalement prospecté en amont, vers le haut de la cascade… Après plusieurs tentatives , il semble enfin avoir trouver un passage ; on se lance donc à l’assaut de la cascade : la première partie de la traversée est gérable, mais la deuxième fut beaucoup plus compliquée à négocier… autant dire qu’on s’est bien trempé les pieds et fait de grosses frayeurs ; pour Xabi, c’était encore moins simple avec le gros sac à dos qui le déséquilibrait. 
Ce n’était vraiment pas très rassurant. Quelques pierres enjambées  pour la troisième et dernière partie et nous voilà enfin de l’autre côté après plus d’une heure de tergiversations. On va dire que c’était la partie aventure de ce séjour à Torres del Paine et c’est plus facile d’en parler maintenant qu’on est sain et sauf que sur le moment… Ajoutons que nous sommes les seuls à avoir pu traverser à ce moment là, la plupart de ceux allant vers los Cuernos renonçant et rebroussant chemin..
[...] Sur le parking, on aperçoit Julien et Julie, disons Ju², qui se dirigent vers leur voiture de location. On se pose un peu à l’ombre avec eux pour partager nos dernières victuailles et une bouteille de Sprite bien fraîche, qui désaltère bien quand on a grand soif.. Merci la pub.. Nous faisons plus ample connaissance et découvrons qu’ils habitent en Martinique !! Le monde est bien petit.. Tout ceci nous rappelle de bons souvenirs. Après une petite heure de récupération, on leur demande s’ils peuvent nous ramener à l’entrée du parc, car honnêtement, l'envie n'y est plus ; pas de soucis, ils nous déposent à la sortie et nous échangeons nos adresses respectives en espérant les recroiser prochainement à El Chalten. 

Bon souvenir des Torres, bien aménagé, beaux paysages, même si nous aurions aimé boucler le W en entier et découvrir la vallée Française.. Cependant, beaucoup de bruit est fait autour de ce parc, mais cela ne sera surement pas le meilleur parc visité en Amérique du Sud.. Cet avis est toutefois personnel et tiens compte du temps très peu favorable du troisième jour et de la fermeture exceptionnelle de la moitié du parc à cause de l'incendie provoqué par un randonneur inconscient..


1 commentaire:

  1. "C'est fou comme les gabaches ont un sixième sens pour se reconnaître entre eux, et le plus fou c'est que j'en sois aussi doté !!" = gabaaaaaaaaache!! Avec juste la pointe ibérique du mec qui laisse le gros sac à sa copine...
    Entre la traversée de la rivière et la tente qui manque de s'envoler on est plus dans un épisode de "Xabi et France au Tibet" là... Bon OK c'est fini Jean les aventures de Xabi et France!
    Voilà, sinon paysages splendides tout ça tout ça.Bref classique.
    PS: Super sympa ton maillot à fleurs, je veux le même!

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