Puyuhuapi et le parc National Queulat, les 01, 02 et 03 février 2012..

Les sacs dans la soute, je rejoins Bibou, qui nous a chopé deux places de compét à l’avant du bus, histoire de bien profiter de la route.. Pas d’Olivier de Carglass dans le secteur, on a donc observé les paysages à travers le pare-brise multiplement fissuré.... Après la pause habituelle à la cafétéria du coin, où l’on a craqué pour une part de gâteau à la meringue et une poche de cerises, achetés à un gosse sur le trottoir, nous avons entamé la route longeant le parc Queulat.. Une forêt luxuriante et de très nombreuses cascades le composent.. Il pleut et le sentier boueux inspire peu confiance.. Dans ces conditions, nous avançons lentement et nous arrivons dans la soirée à Puerto Puyuhuapi.. 
Coup de bol en arrivant, on trouve une chambre peu chère dans un hospedaje tenu une dame et sa fille qui sont très souriantes.. Elle nous renseigne d’ailleurs sur la région lors de l’enregistrement.. La fête du village se déroulera vendredi et samedi aussi, nous voulions rester deux nuits, ce sera surement plutôt trois afin de profiter de la fête et de gouter à l’occasion, aux spécialités locales.. Nous entamons ensuite un petit tour du village et approchons le ponton pour jouir de la vue sur la lac d’un calme exceptionnel.. Un parfait miroir des arbres, barques et monts l’entourant..

 


[…] L’excursion au parc Queulat se compose de deux premiers sentiers, relativement courts, et d’un troisième de deux heures et demi offrant un magnifique point de vue du Ventisquero Colgante, littéralement le glacier perché, la grosse attraction du coin.. Il y a une vingtaine de kilomètres à parcourir pour arriver au parc.. La météo annonce du beau temps pour aujourd’hui, ce qui a l’air d’être plutôt rare dans la région.. Une fois les barrières du parc franchies, on découvre le glacier au loin.. Au parking, le chauffeur nous donne rendez-vous 5h plus tard au même endroit et nous explique plutôt sommairement  où se situent les différents chemins de randonnées.. 
Nous nous engageons sur le chemin principal et décidons d’attaquer directement par la grosse randonnée qui même au pied du Ventisquero ; elle fait un peu plus de 3km pour 300m de dénivelé.. Ca va, on a connu pire.. On traverse tout d’abord le rio Ventisquero sur un pont suspendu assez long mais bien aménagé. A peine quelques centaines de mètres plus loin, nous voilà plongés dans une forêt luxuriante, entourés de feuilles géantes, appelées nalca, de bambous et j’en passe ; de quoi nous dépayser car jusqu’à présent nous n’avions pas du tout traversé ce genre de végétation.. 
Pour peu, on se croirait presque dans une forêt tropicale martiniquaise, la chaleur en moins bien entendu ! Le chemin est bien marqué, et nous sommes accompagnés tout le long par une délicieuse odeur me rappelant l’eucalyptus.. C’est grâce à un taux d’humidité très important que la flore est si exubérante.. Pour preuve, les troncs sont recouverts de mousses omniprésentes. Le chemin grimpe pas mal en fin de compte, et il nous faudra bien une heure d’efforts pour atteindre notre objectif. Or, le point de vue est splendide ; du glacier se jettent plusieurs cascades vers le lac en contrebas, aux eaux vertes si caractéristique des lacs alimentés par les glaciers.. 
Tous les sommets alentours sont enneigés, contraste saisissant avec la flore.. Très beau spectacle que nous ne sommes malheureusement pas les seuls à profiter..  Nous avons été également très surpris de voir un joli petit colibri en train de butiner dans de belles fleurs rouges, appelées chilcos.. Un petit sentier mène dorénavant au lago temprano.. En arrivant, nous sommes étonnés par la beauté du spectacle ; d’ici on a également un excellent point de vue sur le glacier peut-être même meilleur que celui du haut, surtout que le soleil abonde.. Le vert-bleuté du lac étincèle. De temps à autre, quelques blocs de glaces se détachent, produisant le même type de bruits sourds qu’à Périto Moreno.. 
Pendant ce temps, Xabi étudie la faune. Il a repéré un drôle d’insecte tout brillant, ressemblant à un hanneton, et possédant deux gros crochets pas très engageants.. 
Celui-ci se déplace sur un rocher près de nous. Il y a également quelques bourdons dans le coin, dont quelques-uns qui flottent à la surface du lac, pris au piège par les eaux. En bon samaritain, il effectuera brillement le sauvetage de deux de ces pauvres insectes, les attrapant à l’aide d’un bâton et les ramenant sur la terre ferme pour qu’ils puissent se sécher les ailes et prendre un nouveau départ.. Je reconnais bien là, son âme de saint-bernard..

 

[…]  Au matin, le temps n’est guère accueillant.. C’est apparemment les meilleures conditions pour profiter des thermes..  Nous embarquons sur la frêle barque, sous la pluie et avançons sur ce bras de mer paisible.. Il n’y a pas de pontons aux thermes du Ventisquero, aussi le débarquement sur les rochers glissants est un peu périlleux.. Heureusement pas de mal, et nous découvrons l’endroit encore désert.. Paiement effectué, nous filons nous changer.. C’est bizarre et déconcertant de se mettre en maillot de bain par un temps pareil, et nous avons bien froid sur le trajet jusqu’aux bassins.. Trois petits bains fument, bon signe.. Le choc est rude lorsque nous plongeons enfin un pied.. 
Les bassins sont presque brulants alors que l’air est gelé.. La chaleur après quelques secondes d’acclimatation est toute de même très appréciable.. Nous sommes seuls et pouvons choisir notre bain tranquillement, entre plus ou moins chaud, de 35° à 40° apparemment.. C’est l’ouverture, les bassins alimentés par une source proche de 85° sont encore bien plus chauds que cela.. Nous alternons les moments d’immersion totale ou partielle avec des moments en bord de bain sous la pluie froide.. La vue sur le bras de mer est magnifique, en arrière-plan, les monts sont couverts de nuages bas.. Paysage mystique et froid vu depuis la chaleur difficilement supportable des bains, que de contrastes..



[…] Nos visages rouges illustrent la chaleur emmagasiné toute la matinée, et nous effectuons dorénavant des allers retours de temps en temps à la piscine où l’eau doit avoisiner les 10°.. Le choc est rude, mais en sortant, lorsqu’on a le courage d’y plonger entièrement, un sentiment de bien-être et de plénitude nous envahi.. Soudain, au milieu de nos conversations et jeux aquatiques, quelques cris de nos voisins.. Deux dauphins, des toninas, viennent d’apparaître près du rivage, à une vingtaine de mètres de nous.. J’en ai aperçu un, mais Bibou, de dos, à tout loupé.. Nous scrutons la mer sans succès durant près de deux minutes, puis voilà qu’ils reviennent et passent de nouveau tout près de nous au grand bonheur de tous les spectateurs.. Ils chassent apparemment et c’est peu à peu tout un groupe d’ailerons que nous observons bien en dehors de l’eau.. Un petit saute même hors de l’eau, par-dessus l’un de ses congénères, nous offrant un merveilleux spectacle.. Nous ne pensions jamais voir de dauphins ici mais sommes ravis du spectacle.. Malgré le froid, je me décide à sortir du bain, pour prendre quelques clichés des mammifères, mais celui-ci ne me laisse que peu de répit..  J’aurais tout de même réussi à en choper quelques-uns..


[…] En arrivant à la salle des fêtes, quelques personnes sont déjà présentes et la musique tourne à plein régime, mais les petits stands vendant des spécialités culinaires de la région ne sont pas encore ouverts. On se renseigne sur le programme et constatons que les différents spectacles ne commenceront qu’à partir de 21h. De retour deux heures plus tard,  nous constatons que la salle s’est bien remplie et que l’animation est à son comble. De très bonnes odeurs émanent maintenant des différents stands et l’appétit de mon Gros Bib’ croit rapidement.. Je cherche désespérément du curanto, spécialité de la région, mais on nous informe que celui-ci ne sera servi que le lendemain midi. Qu’à cela ne tienne, elle se laisse tenter par une paella de fruits de mer.. 
Pendant ce temps, le spectacle commence.. Quelques personnalités politiques de la région viennent prendre la parole et nous présentent le programme de la soirée.. Puis, vient le tour d’un groupe de femmes de la ville qui nous présentent quelques danses folkloriques locales.. Ce n’est pas trop notre dada, mais ça nous permet de mieux connaitre leurs traditions.. Les danseuses sont vites rejointes par quelques hommes pour une danse à deux typique, avec jeu de mouchoirs et vas-y que je t’aguiche ! Ensuite, un chanteur guitariste de la région, revêtant un costume typique, avec chapeau, poncho et pantalon en peau de mouton, se met à chantonner quelques airs bien sympathiques.. Suivent des enfants qui nous présentèrent une petite danse, le chamamé, un classique chilien.. Pas très au point mais la magie de l’enfance rend le spectacle tout de même très mignon.. 
Enfin, un dernier chanteur, le Trapero Vallejos apparait sur scène.. C'est un sacré personnage. Il en impose avec sa voix de ténor, mais plus encore ce sont ces textes engagés qui font sa force.. Il chauffe immédiatement la salle et se met le public dans la poche en prenant position contre la construction de barrages en Patagonie.. C’est un sujet très discuté en ce moment dans l’ensemble de la Patagonie chilienne.. Le gouvernement a récemment donné son accord à de grands groupes d’énergie étrangers, pour construire différents barrages hydroélectriques.. Ceci dévasterait plusieurs fleuves et réserves naturelles.. Il  nous conte aussi l’éruption du volcan Chaiten, le 2 mai 2008, à la manière d’un slameur.. Très réussi et on sent qu’il apprécie énormément sa région et toute son histoire.. Un très bon moment même si malheureusement Bibou n’a pas toujours tout compris.. 

 

[...] Nous retournons à la salle des fêtes où normalement, aujourd’hui, c’est dégustation du curanto, le plat typique de la région. Une fois arrivés sur place, ça sentait un peu l’alcool dans les parages, une bonne vieille odeur de rôtissage, ils ont fini tard la veille.. Comme d'habitude, c'est très en retard aussi allons leur laisser le temps de se mettre en place et nous repasserons un peu plus tard. Pour patienter, nous effectuons un petit tour dans le village.. Le paysage est complètement brumeux, avec un taux d’humidité à 120%, mais j’aime bien car cela donne un petit côté mystique à la surface de l’eau.  Nous repérons les différents styles architecturaux de la ville, partagés entre Allemagne et Chili. La ballade des bords du lac est rapidement effectué, surtout avec ce temps à tendance pluvieuse.. Le curanto ne devrait pas tarder à être servi, même s'ils n’ont pas l’air trop pressés.. 
Quelle ne fut pas notre surprise quand on a reçu le déjeuner : quelques moules et autres crustacés, avec du lard et des saucisses, des pommes de terre et autres légumes bizarres, le tout ficelé dans un sac à patate !! On ne s’attendait vraiment pas à ça.. Mais bon,  on goûte à cette spécialité.. De prime abord, ce n’est vraiment pas ragoutant et cela se confirme malheureusement une fois les premières bouchées avalées.. Les moules était vraiment de taille sur-dimensionnée voir boostées au OGM !! Ils se rattrapent avec la charcuterie, le lard et les saucisses..  Pour effacer le goût de cet effroyable repas, (un poil exagéré..) Xabi est allé nous chercher la seconde spécialité du jour, le kuchen, des parts de gâteau aux fruits.. Un citron meringué et une tarte à la framboise plus tard, ça va nettement mieux..  

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