Villa O'Higgins et Caleta Tortel, les 24 et 25 Janvier 2012..

Villa O’Higgins est un petit village au bout de la route australe chilienne.. 


Arrivés par bateau par le sud, nous suivrons maintenant par cette route notre voyage vers le nord.. Il n’y a pas grand-chose à faire dans cette petite colonie australe, à peine troublée par l’essor nouveau du tourisme.. Un sentiment d’isolement, aussi les transports sont rares et nous n’y serons restés qu’une petite matinée.. Mais, je suis quand même parti seul explorer ce petit village, lâchement abandonné par mes compagnons.. J’y ai trouvé des personnes très agréables et un paisible village qui aurait surement mérité un peu d’attention qu’une simple halte.. Tout d’abord, je suis parti à la recherche de cartes postales.. Pas facile.. Le seul endroit à en avoir apparemment est la compagnie des bus et bateaux que nous avons emprunté la veille et que nous userons de nouveau pour nous rendre à Caleta Tortel deux heures plus tard.. Une très gentille jeune femme à l’accueil me tend un exemplaire des deux seules cartes disponibles.. Une sur le glacier O’Higgins, leur attraction phare, l’autre sur Villa O’Higgins.. 
Pas très jojo (c’est quoi cette expression à la coconut du siècle dernier ??) mais je décide d’en prendre une de chaque, et je me les vois, en fait, offrir généreusement.. Good !! J’arpente les rues désertes et poussièreuses observant les maisons de bois.. La place centrale, simple, arbore deux trois statues dédiées aux fondateurs de la ville et leur héros, le commandant O’Higgins.. Plus loin, un vieux théâtre en bois, ressemblant aux modèles antiques en demi-cercle, semble abandonné.. La vue derrière la scène est magnifique.. A quelques mètres, une maisonnette en bois, ou plutôt un kiosque, laisse échapper le son d’une radio dont la musique inonde toute la place.. 
C’est « l’office de tourisme », très simple, et tenu par un petit vieux très souriant malgré le fait que je le réveille quelques peu à mon arrivée.. Il est tout heureux de me parler de sa ville à travers son sourire à trois dents (ce n’est pas une métaphore).. Il me fournit également grand nombre de documentations et divers plans de la région dont je suis friand.. C’est un réel plaisir de parler avec lui, et c’est chaleureusement qu’il me serre la main me souhaitant bon voyage.. En clair, ce fût une visite rapide, mais très riche, au hasard des ruelles de ce bourg paisible avant d’embarquer pour Caleta Tortel..

[…] Le chauffeur, parle français, et nous offre tout au long du voyage, quelques informations sur la région, comme les noms des lacs, rivières, monts et cascades que nous traversons à vive allure sur cet étroit chemin de pierre.. Parfois, il s’arrête quelques secondes, le temps de prendre un cliché par la fenêtre, ou improvise une petite pause au pied d’une magnifique cascade, la dernière parmi la centaine de celles au-dessus d’elle qui arrosent les parois vertigineuses de leurs eaux glacées.. « Pure et fraîche », nous lance-t-il, avant d’en boire abondamment et nous invitant à en profiter également.. Nous en remplissons deux bonnes gourdes.. Les paysages magnifiques s’enchaînent le long des quatre heures de voyage..

Soudain, alors que nous longeons le fleuve Bravo, un majestueux condor traverse la route devant nous à faible altitude.. Arrivés à sa hauteur, il vole toujours assez bas, et ayant anticipé la chose, notre chauffeur de compét a déjà ouvert la porte latérale et je saute à l’extérieur dès qu’il ralentit.. Le condor plane une vingtaine de mètres au-dessus de nous.. 

Il étend ses impressionnantes ailes et se laisse emporter au gré du vent.. En quelques secondes, il disparaît derrière un sommet voisin mais ce fût tout de même un spectacle de toute beauté.. Peu après, nous arrivons à la fin de la route.. En effet, pour rejoindre « le reste du continent », nous devons emprunter une navette fluviale.. Nous embarquons donc et nous installons à une table au pont passagers..

[…] Nous voilà parti dans une recherche d’hébergement de longue haleine à travers les dédales de Caleta Tortel.. Pour décrire ce village, c’est simple.. Il n’y a que des passerelles qui montent, descendent et s’enchevêtrent au pied des maisons, au-dessus du rivage.. Pas de rues, aucune, et encore moins de noms de rues.. 

Les rares hostels du village sont pleins, aussi nous devrons poursuivre notre croisade jusqu’au fin fond du village pour trouver notre bonheur.. Bibou et moi posons nos bagages dans une jolie chambre ayant de larges fenêtres avec vue sur la baie, notre pèlerinage n’aura pas été vain, mais il est complet pour le lendemain, aussi la quête ne s’achève pas là.. La gérante contacte par talkie-walkie (ouais ici, il n’y a pas de téléphone non plus) l’autre propriétaire de la pension qui lui répond qu’il n’y a pas de problèmes pour le lendemain.. Alléluia, presque 17h, nos problèmes de logement sont réglés !! Reste un autre souci à régler de façon urgente, la faim qui obnubile dorénavant nos esprits !!


[…] Après une sieste bien méritée, nous sortons finalement de notre joli aquarium pour admirer les derniers rayons de soleil et nous promener sur la plage.. Le jeu des marées laisse derrière lui un sol boueux et de nombreuses petites flaques qui reflètent le ciel tel un grand miroir.. Les couleurs passent du jaune à l’orange, les pics enneigés des environs rougissent.. Nous admirons ce spectacle en nous promenant sur la plage, accompagnés par deux chiens joueurs, lorsque le froid comme souvent violent dès le soleil couché, nous ramène petit à petit vers notre chambre.. 
Sur les passerelles, nous croisons Ju-Mi et Stéphane allant profiter à leur tour du littoral et des derniers rayons de soleil.. Puis, nous engageons la conversation avec un couple de chilien devant la porte de l’hostel.. Notre attention est également portée vers un petit chaton qu’ils nous disent avoir déjà croisé tout à l’heure et qui semble perdu.. Celui-ci joue autour de nous, tente de grimper sur Bibou et finit dans ses bras..  Il y passe quelques minutes s’y sentant très bien, puis finit dans les miens.. Dilemme, à l’heure de nous coucher, le faire rentrer ou l’abandonner sur le palier.. Finalement, écoutant davantage nos cœurs que la raison, il passera la nuit avec nous, ça pèle dehors.. Elios prend garde, car celui-ci est adorable et c’est une vraie machine à ronronnement.. Au matin, en l’honneur de la ville, on le baptisera Tortelini avant de le ramener avec joie auprès de ses frères et mère sur un toit voisin..


[…] Nous cheminons sur le dédale de passerelles, n’y croisant pas grand monde, et goutant ainsi encore mieux à la tranquillité du village. Nous croisons quelques ouvriers, chargés de la rénovation des passerelles et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ne chôment pas, l’avancée est spectaculaire.. Au niveau de la place centrale, nous débutons le chemin menant au mirador surplombant la région.. Au début de la randonnée, un panneau nous signale que l’on peut continuer notre chemin après le mirador, ce qui nous ramènerait de l’autre côté du village, quasiment à notre hôtel, parfait !!

La montée s’effectue rapidement ; on nous a mis en garde, le chemin peut être très boueux parfois, je suis en claquettes, mais il est en fait composé de mini passerelles permettant de ne pas s’enfoncer dans l’espèce de tourbe environnante.. Pour l’instant.. 
Au sommet, on se déniche un petit coin d’où jouir du superbe panorama. En effet, le point de vue donne sur toutes les petites îles verdoyantes qui composent le fjord de Caleta Tortel ; elles sont vraiment jolies et nous font un peu penser aux mini îles asiatique type décor Koh-Lanta, merci Denis.. Malgré les températures, elles sont couvertes jusqu’aux pieds de nature exubérante.. Tout cela apporte une petite touche exotique à la région. De l’autre côté, un autre point de vue révèle Caleta Tortel et toute sa baie dont les eaux paraissent plus belles vue d’ici.. 


On entame la descente..Dès le début, c’est compliqué, le chemin est beaucoup moins signalisé et la végétation beaucoup plus dense. On se dit (précision, je me dis.. Bibou serait plutôt partisante d’un demi-tour..) que ce n’est pas grave car le village ne semble pas loin..  Au fur et à mesure , le terrain devient plus pentu et les accès de plus en plus difficiles.. 
Le chemin devient de moins en moins praticable et Bibou passe devant pour repérer les éventuels passages difficiles et tenter de préserver mes pieds.. Jusqu’au moment où nous arrivons dans un cul de sac.. Nous n’apercevons plus aucun chemin, ni signalisation, ni rien.. Pas même ce foutu canadien, un touriste croisé plusieurs fois depuis la veille avec un chapeau chelou, d’où le surnom de canadien, que nous avions vu un peu plus tôt quelques mètres devant nous ! Et c’est à partir de ce moment que notre ballade pépère se complique un tant soit  peu. On essaye plusieurs voies, la plupart nous menant à d’autres culs de sacs, ou des endroits vraiment impraticables (je rappèle que j’ai toujours des claquettes..) Je repère une grosse antenne satellite, on décide de s’y rendre dans l’espoir d’y trouver un chemin. Encore une fois peine perdu, ça ne mène nulle part..

 

C’est rageant car de là, nous voyons le village en contre bas à une petite centaine de mètres, mais l’escalade, c’est pas notre truc, et Cliffanger 2 attendra.. Perdant patience, et le mot est faible, (ah bon, sérieux, t’es comme ça ??) je décide de couper directement tout droit, à travers la forêt, par l’endroit le plus praticable qui soit pour regagner le village.. Ce ne fut vraiment pas simple, parfois quelques détours ou difficultés mais ça a le mérite d’être efficace.. Nous distinguons enfin un bout de toit et des aboiements, quand nous apercevons enfin un de leurs foutus panneaux de signalisation. 
Un long dernier effort pour l’atteindre et finir à peine 5 minutes plus tard et avec deux bonnes heures de retard, cette foutue randonnée qui s’annonçait si tranquille..

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