Puerto Williams, Chili, du 03 au 06 Janvier 2012..

Ce matin-là, réveil à 8h pour notre dernier petit déj au Tango B&B ; on savoure nos derniers croissants sachant qu’on n’en reverra pas de sitôt ! Prêts à partir et à quitter Ushuaia et l’Argentine, en direction du Chili…
[…] La traversée n’a duré que 40 minutes… Moi, j’étais bien à l’avant même si  ça a un peu secoué mais Xabi était tout serré à l’arrière entre deux autres gaillards.. Pas pour autant une traversée d’aventuriers.. Mais très heureux de poser enfin un pied au Chili, après l’avoir observé depuis Ushuaia pendant 10 jours.. Bienvenidos a Chile !! Puerto Navarino, où nous débarquons n’est qu’une mini base de l’armée chilienne, poste frontière ou vivent trois ou quatre fonctionnaires et leur famille.. Les formalités seront effectuées à Puerto Williams après une heure et demi de piste..


[…] Nous nous rendons directement à la mairie pour officialiser par un joli tampon notre entrée au Chili.. J’en profite pour m’échapper à l’office de tourisme dans le bâtiment d’à côté.. C’est en réalité un mini bureau désordonné tenu par deux jeunes filles du coin qui distribuent gentiment des cartes et prospectus des activités des alentours.. Le must c’est quand même le trek de 4 ou 5 jours Dientes de Navarino..  Merde, on ne dispose pas d’assez de temps, ça sera sans nous.. La conductrice nous dépose à un petit hostel sympa tenu par des amis à elle.. Accueillis par le bruyant patron, nous nous décidons pour la chambre double.. Nous nous installons sommairement et partons en ville à la recherche du resto conseillé par Jean-Mi je gueule tout le temps.. Pour pas le faire répéter, j’ai fait celui qui a compris, mais bon les infos sont floues.. Avant de s’y rendre, on doit passer au distributeur retirer nos premiers pesos chiliens.. Très colorés !!


[…]  Le temps est brumeux mais étonnamment lumineux.. Il est tout de même 21h passée.. On déambule dans le centre-ville (village ??) de Puerto Williams, autour de leur place ou trône un joli sapin et une petite crèche.. Un jeune chientou nous rejoins et nous accompagne jusqu’au port.. Il monte avec nous sur le ponton militaire et enfreint lui aussi les règles de l’armée chilienne.. Mais à cette heure-ci la place est déserte, et après trois quatre photos nous revenons sur nos pas pour entamer la costanera.. Au fil des minutes, on sort définitivement de la sieste et profitons du paysage, singulier car de l’autre côté du Beagle, les montagnes argentines sont couvertes de nuages fins.. Balade agréable.. Nous passons devant l’ancien port civil, dont ne reste qu’une partie du ponton.. Plus loin, des bateaux à sec sont alignés près de la rampe d’accès à la mer.. Certain visiblement inutilisable, d’autres tagués.. Un parking cimetière à bateaux.. 
Un drole d’engin git sur la plage de galet, la poupe inondée, proue ressemblant aux bateaux de débarquement comme dans le soldat Ryan.. Etrange.. Des restes de la pêche locale, les crabes centollas et des cagettes trainent à l’avant de ce monstre marin.. Avec l’envie de marcher et revenue également la faim, par chance nous sommes dans le secteur du resto, en même temps c’est pas grand.. Normalement, il faut absolument réserver à cause d’une vague histoire d’autorisations en attente, mais bon on a eu des indications supplémentaires, notamment le nom de la rue, on va essayer de la repérer.. 
En passant devant, le gars nous repère et nous ouvre la porte.. Il nous propose de nous installer, puis nous offre un petit ponche de bienvenue.. Le ponche en question servi au bar de l’arrière salle, est une sorte de sangria locale.. Très bon mais surtout nous aimons très vite l’ambiance, la déco et la musique du bar.. Un deuxième gars s’occupe du bar, et en attendant que nos plats soient prêts nous discutons avec lui.. On parle un peu de tout, aimant de plus en plus le bar.. Légère ambiance du Piano-Bar pour les connaisseurs.. Il commence à nous raconter comment fonctionne ce bar et son histoire.. C’est une sorte de bar collectif, le gars en cuisine, est le « patron », un jeune du coin voulant ouvrir un bar différent, alternatif.. Tout a été construit et aménagé en un an et demi, pas d’argent à la base, faits par les uns et les autres, amis ou de passage, et fait de bric à brac ou matériaux recyclés, ou trouvés sur la plage, ensemble très réussi.. Nous y passerons une excellente soirée, buvant avec eux la barrique de ponche..
[…] Sitôt le repas fini, ils nous proposent, de repasser par le bar, pour s’installer sur les fauteuils boire un verre avec nous.. Ambiance très sympa autour du poêle à bois qu’ils allument pour l’occasion.. On échange beaucoup, parlons de choses et d’autres, finissent de nous raconter leur projet.. Un restaurant-bar de type communautaire, se voulant en dehors du système, hippie moderne en quelques sortes.. En tout, ils sont 6 ou 7 amis résidants ou de provisoires, vivant de ce commerce.. Ils s’affairent désormais à mettre sur pied une ferme pour produire tous les légumes nécessaires à la cuisine et aux cocktails, la viande et le poisson étant déjà locaux.. Le père Noel, surnom qui lui est donné à cause de sa grosse barbe blanche, le troisième joyeux luron présent ce jour-là, arrive. Lui est plus âgé, fraichement rentré d’Italie où il a émigré durant 31 ans fuyant la répression de la dictature chilienne.. Facile à la discute, il se sert un verre et s’assoit avec nous.. Il sera chargé de la ferme..

Nous passerons en réalité nos quatre soirées à Puerto Williams dans ce resto-bar.. La dernière photo étant un repas où nous étions invités à dîner pour fêter avec eux l'arrivée d'une amie.. Du centolla, délicieux.. Nous nous y sommes fait des amis, en dehors de la relation client, souvent invités.. Tous chiliens, très ouverts et sympathiques, nous y serions restés quelques jours de plus volontiers si nous n’avions d’ores et déjà pas réservé le ferry à travers le fjord pour rejoindre le continent..

[…]  Le lendemain, nous décidons d’aller visiter le parc ethnobotanique  Omara qui se situe à 4km de la ville.. Nous voilà donc partis sur la route, encouragés par un magnifique ciel bleu, et dans le coin c’est plutôt rare, alors profitons-en. A la sortie de la ville, un panneau nous signale le parc à 6km…étrange car tout le monde nous a dit qu’il se trouvait à 4km ; espérons qu’ils aient raison ! Nous marchons pendant une petite demi-heure sans même croiser une seule voiture… autant dire que pour le stop, si nous fatiguons, c’est pas gagné. Un peu plus loin, nous apercevons  un panneau nous indiquant un musée historique ; pourquoi pas nous verrons bien ; nous longeons un petit chemin dans un bosquet pour y parvenir.
 En fait, ce n’est pas vraiment un musée à proprement parler mais seulement un ancien char d’assaut ainsi que des canons exposés au milieu des arbres. L’intérêt majeur que nous avons trouvé à cet endroit est le magnifique panorama sur le canal de Beagle et les montagnes d’en face.. Le soleil rendant le tout splendide, la force du vent donnant naissance à quelques ondes à la surface de l’eau. A peine 5 minutes plus tard, un panneau nous indique finalement le parc à 300 mètres ; impeccable, nous avons à peine mis 45min pour rallier l’entrée du parc. A celle-ci, nous trouvons, une petite cabane vide avec simplement un carnet à remplir avec nos noms et quelques indications, mais pas de cartes du parc.


Mamans, ne lisez pas la suite, sautez un paragraphe..

[…] Nous cheminons à travers cette forêt pendant une petite heure, jusqu’au moment où nous devons choisir de rebrousser chemin ou de pousser un peu plus loin afin de voir une cascade, balade qui nous ramènerait près de Puerto Williams ; nous optons pour la cascade. Sauf que petit à petit, le chemin est devenu de plus en plus flou, jusqu’à ce qu’à un moment donné, il soit totalement inexistant ce qui ne me plaît généralement pas beaucoup. Mais bon, Xabi a l’air de gérer son affaire ; là où ça a commencé à bien me stresser c’est quand il a  proposé de passer sous les barbelés et de couper à travers la forêt pour rejoindre la route. Je ne sais pas, mais je trouve ça peu rassurant de s’aventurer dans des centaines d’hectares de forêt sans carte ni aucune connaissance des lieux…apparemment Xabi avait l’air de savoir où on était et faisait son possible pour me rassurer.
Parfois de petits chemins semblaient se dessiner, parfois c’était vraiment la merde, terrain très boueux parsemé d’arbres morts.. Mais en bonne cartésienne, je ne crois que ce que je vois… Puis, au bout de longues minutes de recherche, enfin un sentier un peu plus gros, un vrai sentier quoi.. Il longe une rivière,  et puisqu’on cherchait une cascade, c’est plutôt rassurant.. Sauf que celui-ci amène finalement au bord de la rivière dans l’intention de la traverser.. Mouais, pas nombreux sont ceux qui récemment sont passés par là.. Xabi passe à deux doigts de plonger dans la rivière quand l’arbre rongé par l’eau craque sous ses pieds.. Il s’en sort heureusement avec juste une petite frayeur.. Petit à petit, sautant de cailloux en cailloux à peine immergés et aidée par Xabi, je traverse ce terrible torrent.. Je ne fus totalement rassérénée que lorsque nous avons enfin retrouvé quelques mètres plus loin, le chemin de graviers conduisant à Puerto Williams.


Lecture autorisée tout public..

[…]  Le lendemain, la pluie a cessée et le ciel paraît même dégagé ; pas de temps à perdre, on prend le sentier qui part derrière la statue de la vierge.. 
Vingt minutes plus tard, on arrive au début du chemin de randonnée qui mène au cerro de la bandera ; il y a environ 500 mètres de dénivelé et ça grimpe pendant une heure environ. Pendant l’ascension, on traverse une forêt typique du coin ; le chemin est bien indiqué cette fois-ci…Néanmoins ça grimpe sec et ce n’est pas facile, surtout pour Xabi qui porte le sac avec les provisions pour la journée, qui pèse bien lourd. On effectue un premier arrêt à mi-parcours, au niveau d’un mirador d’où on a une vue imprenable sur le canal.. 


On profite de la vue splendide quelques minutes mais pas trop pour pas perdre notre élan. Pendant le reste de la montée, on s’aperçoit que petit à petit le ciel se couvre…il faut se dépêcher sinon nous n’aurons aucune visibilité une fois au sommet. Nous approchons du but, lorsque tout à coup, contre toute attente, de la neige se met à tomber. Pour nous c’est vraiment énorme car ça fait bien deux ans que nous n’en avons pas vu ! 
Mais qui dit neige dit aussi ciel totalement couvert et grand froid. Avec effort, nous atteignons enfin le sommet où se trouve le fameux drapeau chilien (cerro bandera, je rappelle, essayez de suivre..) 
Au sommet, on subit des rafales de vent et de neige frigorifiantes.. Xabi immortalise ce moment même s’il a bien failli y perdre ses doigts avec ce vent glacé.  Nous décidons d’interrompre la randonnée car je commence à avoir le pantalon trempé et vraiment froid. C’est dommage car nous aurions vraiment aimé pousser plus loin et avoir un panorama sur le reste de l’île. Au moment où nous décidons de rebrousser chemin et rentrer, la neige cesse et le ciel se découvre un peu nous laissant entrevoir quelques beaux sommets enneigés. C’est vraiment très beau et nous avons encore plus de regret de ne pas continuer. Avant de partir, ayant atteint le point le plus austral de notre voyage, Xabi se décide enfin à manger les spéculos que je me traine depuis la France.. Une histoire de défi avec son pote Thomas le belge, de dégustation de spéculoos, à l’endroit le plus australe possible. Mission accomplie !!


[…]  Le lendemain, après une courte nuit.. Parfait, le soleil est là, nous sommes prêts après un petit déj rapide, direction l’est de l’île.. Le bout de la piste est à 32km, l’aller-retour peut se faire dans la journée, mais nous ne sommes ni de très grands vététistes ni très en forme.. Au bout d’une heure et demi de vélo et de montées à pied, une petite esplanade en contrebas nous accueille à bras ouvert pour une petite pause.. De 10 minutes, elle se transforme vite en pic-nic et sieste de deux heures.. 


Le paysage est magnifique, pas un bruit, le soleil brille dans un ciel encore étonnamment découvert.. Une fois de plus, faute de précaution, le coup de soleil sera au rendez-vous, et on peut dire merci à ce fichu trou dans la couche d’ozone.. Vers 15h, nous nous décidons à reprendre la route.. Quelques nuages sont finalement arrivés et voilent le soleil provoquant une rapide chute de la température.. 
Néanmoins, on entame la deuxième difficulté du parcours, la première nous avait déjà bien découragé, la deuxième n’est pas mieux, mais offre depuis son sommet une vue spectaculaire sur les îles de l’estancia Haberton et le canal Beagle.. Il ne nous reste qu’une dizaine de kilomètres pour atteindre le but mais nos jambes souffrent déjà assez, et nous avons notre compte en terme de paysages.. Demi-tour, face au vent, le retour sera long et laborieux..

[…]  De retour à l’hôtel, nous recroisons les gabaches rencontrés au petit déj, des parisiens, alsacien et coréenne d’origine, bien sympa.. Nous leur proposons de venir passer la soirée au bar et filons dans la chambre se reposer enfin.. Au final, nous sortons de la chambre vers 22h passées, pas très en forme mais on veut aller voir le concert de blues dont on nous a parlé toute la semaine et boire un dernier petit verre avec nos amis..
Le resto et le bar sont pleins à notre arrivée, tranchant avec l’ambiance intimiste  lors des soirées précédentes.. Il ne reste qu’une table libre où le couple de parisiens est justement en train de s’installer.. Heureux hasard, nous nous installons avec eux.. L’ambiance du bar néanmoins, nous plait moins.. Ils sont débordés, et nous les voyons à peine.. Nous en profitons surtout pour mieux connaitre Stéphane et Ju-Mi qui nous racontent leur péripéties pendant le trekking des Dientes et la fameuse journée de tempête de neige.. Avec le recul, nous sommes content de ne pas y être allés car ça semble avoir été une bonne galère..

Nous voyagerons à partir de cette soirée-là, et notamment dès le lendemain à bord du ferry à travers les fjords, avec Stéphane et Ju-Mi, pendant une vingtaine de jours, ayant à peu près les mêmes envies et conceptions du voyage à travers la Patagonie..

1 commentaire:

  1. Merde, le fait de rater le trekking des Dientes nous prive d'un épisode Xabi et France en mode Clifanger...
    Il a vraiment l'air sympa le p'tit bar(je vois tout à fait la ressemblance avec le piano!)et le projet de bar/resto/ferme collectif a la hippie ben je suis fan!
    Sinon énorme Xabi en mode GPS montagnard!

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